Je n’ai pas fait d’école d’art, j’aime juste dessiner depuis toujours. A l’âge où les enfants, entrant dans l’adolescence, abandonnent le dessin, j’ai naturellement continué pour ne jamais arrêter.
Pourtant je n’ai aucun talent, mes dessins me paraissent de mauvaise qualité, pas à la hauteur. Quand je me compare à tout ce qu’internet peut nous offrir, je suis bien loin du niveau que j’aimerais avoir.
Cette vision, peut-être que vous la partagez pour votre propre pratique artistique. Vous vous désespérez de devenir un jour "bon".
Mais dessiner est une compétence que l’on peut acquérir avec le temps et l’intention qui va bien. Tout d’abord, demandez-vous pourquoi vous dessinez ? Juste pour le plaisir de l’activité ? pour des projets plus aboutis comme décorer votre intérieur ou partager avec vos proches ?
Je pense que c’est plus profond que ça et que c’est pour ça qu’on continue malgré les résultats qui ne sont pas à la hauteur.
Quand on dessine, on est plus présent face au monde qui nous entoure, plus engagés, plus connectés. On peut voir la beauté qui se dégage d'un peu tout, exprimer nos émotions, se recentrer sur nos sensations. C’est une autre façon, la nôtre, d’accéder à la pleine conscience, très populaire ces dernières années, ou à l’état de flow, celui où on se sent bien et où on ne voit pas le temps passer.
Quand on galère avec la technique, on passe à côté de ça. L’aquarelle qui ne veut pas faire ce qu’on veut, l’acrylique qui sèche trop vite, l’anatomie bancale, la perspective hors des lois physiques…
On voudrait que notre peinture ou dessin soit parfait et ce n’est pas le cas.
Pour réussir à dessiner, il faut dessiner, beaucoup et de mauvaise qualité. En faisant ça, on apprécie le moment présent en priorité et en même temps on crée de nouveau réseaux neuronaux dans notre cerveau, on améliore la coordination entre notre oeil, notre main et notre cerveau. Ca en devient une habitude, on se libère des attentes de perfection, notre dessin devient plus intuitif et bientôt plus expressif.
Tout devient beau et sujet à dessin, le meuble TV de notre salon, notre tasse de café du matin, notre paire de chaussures préférées, les chaussettes puantes du fiston. Autant d’expériences et de souvenirs gravés différemment dans notre mémoire.
Vous n’avez pas besoin de talent, vous avez juste besoin de continuer à dessiner ou peindre. Le monde a besoin de votre vision unique, pour l’enrichir.
Le seul effet secondaire à craindre est que vous serez capable de dessiner n’importe quoi, quel que soit le résultat. Et en bonus vous aurez créé une expérience sensorielle à part. Le lien avec la tasse de café que vous dessinez en sera amplifié, vous aurez créé une relation particulière avec cette tasse. Alors imaginez le résultat si vous dessinez des scènes de la vie courante. Les enfants grandissent tellement vite, ces dessins d’eux garderont une place spéciale dans votre coeur.
Quand vous dessinez, vous faites taire les voix à l’intérieur de vous, celles qui peuvent tout critiquer, vous rappeler que vous avez oublié de payer la cantine, ou vous dire qu’il y a bien plus important à faire que dessiner.
Une fois le silence fait, vous pouvez démarrer l’expérience et vivre les choses plus intensément.
Enregistrer des vacances dans un sketchbook plutôt qu’en faisant 150 photos en un clin d’oeil vous procurera une expérience plus immersive et des souvenir qui incorporent tous les sens qui étaient en activité lorsque vous avez dessiné la scène. La température de la brise sur votre visage, l’odeur des chevre-feuilles, le son des oiseaux…
Quand on y pense, il y a un certain pouvoir dans le fait d’être capable de tout dessiner, quel que soit le résultat. C’est une expérience entre soi et le monde.
Eh bien maintenant vous savez quoi faire... A vos crayons !
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